La persévérance paye pour Alphabet. Ce mardi, le conglomérat qui chapeaute Google a confirmé l'acquisition de Wiz, une entreprise innovante dans la sécurité du cloud, moyennant une somme vertigineuse. La start-up israélienne, Wiz, âgée de seulement cinq ans et dont le nom évoque le mot anglais wizard (sorcier), a littéralement ensorcelé le géant américain qui a déboursé 32 milliards de dollars (environ 29,35 milliards d'euros) pour sécuriser ce spécialiste qui a généré un chiffre d'affaires de 350 millions de dollars en 2023. Cette transaction, réglée intégralement en espèces, marque la plus grande acquisition de l'histoire du géant de la technologie, avec une finalisation prévue pour 2026.
Qui est Wiz ?
Wiz, qui compte environ 1 700 salariés, a été fondée en 2020 par quatre Israéliens, anciens membres de l'unité 8200, l'élite du service de renseignement informatique de l'armée israélienne, dont Assaf Rappaport. Initialement dirigée par des ex-cadres de Microsoft et des spécialistes en cybersécurité de l'armée, cette entreprise est dédiée à la protection des infrastructures cloud. Encore peu connue du grand public, Wiz a rapidement séduit de grandes entreprises, comptant parmi ses clients la moitié des 100 plus grandes sociétés américaines.
Valorisée à 12 milliards de dollars en mai 2024 lors de son dernier tour de table, Wiz a connu une ascension fulgurante. La start-up a reçu le soutien de célèbres fonds de la Silicon Valley, dont Sequoia, Andreessen Horowitz et Index Ventures. En 2024, elle a généré un chiffre d'affaires de 500 millions de dollars, avec des projections dépassant le milliard pour 2025.
Quels bénéfices pour Google dans l'acquisition de Wiz à 32 milliards ?
Derrière un investissement colossal se cache toujours une stratégie méticuleusement élaborée. En investissant 32 milliards de dollars pour acquérir Wiz, Google ne se contente pas d'acheter une entreprise de cybersécurité israélienne ; il mise sur un avantage compétitif décisif dans la guerre du cloud. Avec cette acquisition, Google ne renforce pas seulement ses propres rangs face à Amazon Web Services et Microsoft Azure, deux titans du secteur qui collaborent déjà avec Wiz, mais assure aussi une présence sur toutes les plateformes concurrentes. Ce choix stratégique, expliqué dans un communiqué officiel, vise à éviter les potentiels écueils antitrust, une précaution loin d'être superflue comme le souligne Le Monde. En effet, Google et Microsoft se sont déjà affrontés sur des accusations de monopole dans le passé.
Ce rachat n'est pas seulement une transaction financière, il est également une manœuvre stratégique qui pourrait redéfinir les contours de l'industrie du cloud.
Sundar Pichai, le PDG de Google, met en avant l'équation complexe entre intelligence artificielle et cybersécurité : "L'IA présente de nouveaux risques, mais aussi de nouvelles opportunités", a-t-il affirmé, signalant ainsi l'importance cruciale de cette technologie pour l'avenir.
Avec son siège maintenu en Israël et Assaf Rappaport confirmé à la direction pour au moins trois ans, Wiz conservera une certaine indépendance, tout en intégrant le vaste empire de Google.
Les ambitions de Google et Wiz sont claires : ils envisagent de construire une plateforme de sécurité robuste, qui ne se contente pas de répondre aux défis actuels, mais anticipe les menaces futures, en particulier celles liées à l'intelligence artificielle. Cette initiative comprendra l'amélioration de la conception, de l'exploitation et de l'automatisation des processus de sécurité pour tous les clients à l'ère de l'IA, la réduction des coûts, et la protection contre les nouvelles menaces. Elle vise également à stimuler l'innovation et l'adoption du cloud computing à travers un environnement multicloud, transformant ainsi les défis en opportunités.
Plus cher que Motorola
Cette acquisition à 32 milliards de dollars est de très loin la plus importante de l'histoire de Google. Le géant américain de la recherche en ligne avait déboursé 12,5 milliards de dollars pour acquérir Motorola Mobility en 2012. Il a aussi dépensé 2,1 milliards pour le fabricant de bracelets connectés Fitbit en 2021 et 3,2 milliards pour Nest Labs et ses thermostats intelligents en 2014. Si à 32 milliards de dollars, le rachat de la start-up de cybersécurité par le géant des moteurs de recherche constitue sa plus grosse acquisition, cette transaction ne figure même pas parmi les cinq plus grosses acquisitions du secteur. Ce contrat de 32 milliards ne se classe que septième.
Retour en chiffres sur les cinq plus gros deals de l'histoire de la tech :
- Microsoft s'est offert Activision Blizzard pour 69 milliards de dollars.
- Dell a avalé EMC pour 67 milliards de dollars.
- Elon Musk et Twitter : une obsession à 44 milliards de dollars.
- AMD a acquis Xilinx pour 35 milliards de dollars.
- IBM s'est emparé de la pépite Red Hat pour 34 milliards de dollars.
Allez, je retourne jouer au Monopoly …
