« J’ai toujours aimé craquer des systèmes »
Les premiers souvenirs informatiques de Florent Legras sentent bon l’ère des disquettes et des écrans verts. Enfant, il passe des heures devant son Amstrad CPC :
« Mon grand frère me lançait des défis : il créait des mots de passe sur son ordinateur, et moi, je devais les craquer. J’ai vite compris que le plaisir, ce n’était pas seulement de jouer, mais de comprendre comment ça marchait. »
C’est sans doute cette mentalité qui lui a permis de jongler avec les obstacles et les opportunités. Originaire d’un hameau de trente habitants au fin fond de la Beauce, Florent n’était pas prédestiné à devenir un maestro de la Data à Paris. Pourtant, de son bac en sciences à son master en bio-informatique, Florent Legras n’a cessé de contourner les sentiers battus.
Du laboratoire à la donnée, un pivot stratégique
« Je me destinais à la recherche, mais trois ans de thèse mal payée, très peu pour moi », confie-t-il avec un franc-parler.
Au lieu de s’engager dans une voie académique, il rejoint une biotech spécialisée dans l’analyse de séquences protéiques.
« À l’époque, on n’appelait pas ça de la data science, mais c’en était déjà. »
Très vite, il comprend que son avenir n’est pas dans la biologie, mais dans les données.
« C'est là que j’ai compris que l’informatique était mon véritable terrain de jeu. »
Il rejoint alors le secteur de la prestation IT, atterrissant par hasard chez Carrefour, où il se forge une expertise en reporting et en architecture data.
« Je faisais du Shadow IT sans le savoir », analyse t-il en souriant.
C’est là qu’un ancien camarade de lycée, Stéphane Barat, lui propose de rejoindre SFEIR.
« Il m’a dit : "Viens, c’est vraiment sympa ici." J’ai passé les entretiens, je n’ai pas réfléchi plus que ça, et j’ai signé ! »
Un pari qui s'est avéré gagnant.

« Didier m’a jeté à l’eau. Je n’avais pas de bouée, mais j’ai nagé. »
Chez SFEIR, Florent fait ses armes sur des projets d’innovation pour Sanofi, explorant le machine learning et les architectures cloud.
« J’ai touché à tout : Android, iOS, Docker, Azure… C’était Disneyland pour un tech. »
Mais c’est en intégrant le tout nouveau pôle Data que tout s’accélère.
« J’étais là au bon moment, avec les bonnes personnes. Geoffrey Garnotel qui lançait le pôle Data, a voulu passer la main et m’a proposé de prendre sa place. Ça faisait seulement six mois que j’étais là ! »
Il accepte sans hésiter et devient alors Head of Data chez SFEIR.
« Didier Girard ne m’a pas tenu par la main. Il m’a juste dit "Vas-y", et j’y suis allé. »
Une montée en responsabilité fulgurante qui reflète bien son état d’esprit : saisir les opportunités avant même de se sentir prêt.
IA, cloud et quête de sens : la data science en mutation
Aujourd’hui, Florent pilote une équipe de plus de 140 experts en data.
« On est passés de 4 à plus de 100 en six ans. J’ai dû apprendre à m’éloigner du code pour guider une équipe. »
Ce qui l’anime ? L’impact de la data sur des problématiques concrètes.
Un projet qui l’a marqué ? Un algorithme d’analyse de séquences protéiques pour le traitement du cancer. Il se souvient aussi de son travail chez TotalEnergies, où il a conçu un système pour évaluer le potentiel solaire des bâtiments via des images satellites.
« Techniquement fascinant … et pour un objectif vraiment impactant»
Il garde un regard critique sur la vague de l’IA générative, à la fois admiratif et inquiet :
« Techniquement, c’est bluffant. Mais quand je vois ce que Gemini ou Sora peuvent générer, je me demande comment bien utiliser et gouverner ces technologies.»
Un samouraï de la data
« J’ai fait du karaté pendant quinze ans, et ça m’a forgé. Discipline, anticipation, sérénité… tout est transposable au travail. »
Pas étonnant, donc, que son film culte soit Matrix.
« C’est un film qui pose la question de la réalité et du contrôle. En tant qu’ingénieur, c’est une problématique qui me parle. »
Aujourd’hui père de deux enfants, il garde le même goût du défi.
« J’ai arrêté le karaté, mais je me suis mis à l’escalade : c’est stratégique et ça me pousse à me dépasser. »
Et lorsqu'on lui demande le conseil qu'il donnerait au jeune Florent qui bidouillait sur son Amstrad, il répond sans hésiter :
« Ne réfléchis pas trop. Prends les opportunités. Et si tu tombes, relève-toi vite ! »
Un mantra qui l’accompagne depuis vingt ans et qui, au vu de son parcours, lui a plutôt bien réussi !
✔️ Un bon algorithme : AlphaFold de DeepMind, une révolution pour la bio-informatique.
✔️ Un outil IA : ChatGPT, mais surtout les articles de recherche qui l’accompagnent.
✔️Un mantra : Quand la vie t’offre un citron, fais une citronnade !