L’accessibilité du web
Pour parler des outils de surcouche applicative d’accessibilité, il faut d’abord parler d’accessibilité. Dans le web, l’accessibilité est définie par un ensemble de règles qui tendent vers un objectif : que tout le monde puisse utiliser le web, peu importe son handicap. Aujourd’hui, les technologies du web possèdent de nombreux outils/patterns pour atteindre cet objectif. Toutes les personnes faisant du développement devraient les connaître afin de rendre leurs sites et applications accessibles.
Voici un historique de l’accessibilité dans le web :
- 1995 : le Dr Cynthia publie un premier standard d’accessibilité pour le bureau des égalités de la ville de San Jose. Les règles de ce standard serviront de point de départ pour définir les règles d’accessibilité du web.
- 1997 : W3C commence un projet appelé le Web Accessibility Initiative (WAI) dont le travail sera de définir les règles à suivre pour rendre le web plus accessible.
- 1999 : WAI sort une première version de ses règles : les Web Content Accessibility Guidelines (WCAG), qui contient 14 lignes directrices et 65 points de vérification.
- A partir de 2001 : des outils d’accessibilité informatique font leur apparition, notamment les premiers lecteurs d’écran qui permettent de transformer ce qui est visible à l’écran en texte audio.
- 2008 : Sortie d’une deuxième version de WCAG qui catégorise ses lignes directrices en 4 principes : perceptible, exploitable, compréhensible et robuste.
- 2018 : Sortie de WCAG 2.1, la version la plus récente de WCAG, utilisée aujourd’hui.
Quelques exemples de règles que l’on retrouve dans WCAG 2.1 :
- Les images doivent avoir un texte alternatif, cela permet aux lecteurs d’écran de lire ce texte pour décrire l’image. On n'oubliera pas de mettre un texte alternatif vide pour les images qui ne portent pas d’information utile afin qu’elles soit ignorées par le lecteur d’écran.
- Le contraste des couleurs entre le texte ou un élément graphique et la couleur en arrière-plan doit être calculé. Il doit atteindre un certain score afin d’aider les gens étant atteint d’handicap visuels tel que le daltonisme. Un texte noir sur un fond blanc à un score de 21, un texte blanc sur un fond blanc a un score de 1. Certains sites tel que Contrast Ratio permettent de calculer le score de contraste entre 2 couleurs. WCAG 2.1 définie qu’un score minimum de 4.5 est nécessaire et qu’un score de 7 est optimal.
- Le site doit avoir une structure de titres qui fait sens et qui se suit. Les titres sont entre les balises <h1> à <h6>. Ces titres servent à structurer la page et à montrer une relation entre les différentes sections.
Outils de surcouche applicative (overlays)
Les overlays sont des outils ou des technologies qui ont pour objectif d’améliorer l’accessibilité d’un site. La majorité de ces outils utilisent JavaScript pour modifier le code d’une page. Certains de ces outils prétendent qu’ils peuvent rendre un site “aux normes” WCAG, parfois en utilisant l’intelligence artificielle.
Par exemple, un de ces outils propose de créer un compte et de renseigner les handicaps de l’utilisateur de ce navigateur. Un cookie tiers est alors posé dans le navigateur. Cela permet aux sites incluant cette solution d’être changé par l'outil, notamment via la modification du CSS du site. Un utilisateur daltonien va voir les images et les couleurs de site modifiées, les polices d’écriture peuvent être modifiées pour les utilisateurs dyslexiques ou encore, la taille de la police d’écriture peut être augmentée pour les personnes atteintes de handicap visuel.
Le problème des overlays
Réparer automatiquement les problèmes d’accessibilité d’un site web requiert que ces problèmes puissent être repérés automatiquement. Proclamer qu’un outil permet de rendre un site totalement accessible automatiquement n’est simplement pas réaliste.
Un rapport de la commission européenne sur le sujet annonce même que certains outils interfèrent avec avec des outils d’aide aux personnes en situation de handicap tel que les lecteurs d’écrans. En d’autres termes : ces overlays, proposant majoritairement des solutions payantes, rendent les sites moins accessibles à certains utilisateurs.
Ce rapport a été repris par le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA), référentiel tenu en France par la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM) précisant :
- La détection automatisée de problèmes d’accessibilité ne couvre au maximum que 30% des critères d’accessibilité des normes internationales. Par conséquent, aucun outil ne peut prétendre corriger automatiquement plus que ce pourcentage.
- Les outils qui permettent aux utilisateurs d’adapter les sites selon leurs besoins ou préférences supposent que ces sites soient déjà un minimum accessibles.
- Aucun de ces outils ne peut se substituer à la prise en compte de l’accessibilité dans la conception des sites.
Conclusion
Les outils de surcouche applicative d'accessibilité étant une aberration commerciale dans le petit monde de l'accessibilité web, ils devraient bientôt disparaitre suite aux différents rapports récents concluant de leur résultats négatifs.
Actuellement, dans le domaine de l'accessibilité, on ne peut trouver aucune solution miracle ; rien ne peut remplacer un développeur formé sur ce sujet. Les entreprises qui souhaitent rendre leur site accessible n'ont en fait qu'une seule solution viable : former leurs équipes de développement aux outils de l'accessibilité.
Annexe
Norme d’accessibilité mondiale WCAG : Web Content Accessibility Guidelines (WCAG) 2.1 (w3.org)
Norme d’accessibilité européenne ETSI EN : ETSI EN 301 549 - V1.1.2 - Accessibility requirements suitable for public procurement of ICT products and services in Europe
Norme d’accessibilité française RGAA : Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité - RGAA (numerique.gouv.fr)