Naissance d'un prodige
Steven Paul Jobs, né à San Francisco le 24 février 1955, est rapidement devenu l'un des entrepreneurs et informaticiens les plus influents de sa génération. Mais si le secteur technologique qu'il a si profondément influencé est aussi fascinant, son parcours personnel l'est tout autant.
Né de parents biologiques d'origine syrienne et suisse, ses débuts démontrent que la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Sa mère biologique, Joanne, contrainte par les menaces de son propre père de perdre son héritage si elle épousait un non-catholique, a dû chercher une famille adoptive pour son fils. Il passa son enfance à Mountain View, en Californie, où son père adoptif exerçait le métier de machiniste. Malgré des débuts chaotiques et un parcours scolaire semé d'embûches, Steve considérait ses parents adoptifs comme ses véritables parents. Sa jeunesse difficile mais formatrice a forgé en lui un esprit d'innovation et de détermination, et sa capacité à lire avant même d'intégrer l'école est un témoignage de son intelligence précoce.
Un homme de coeur complexe
Steve Jobs a connu plusieurs relations amoureuses au cours de sa vie. Sa première liaison significative fut avec Chrisann Brennan, qui donna naissance à leur fille, Lisa Brennan-Jobs, en 1978. Initialement, Jobs a nié être le père de l'enfant, prétendant même être stérile, tout en donnant étrangement à un de ses ordinateurs le nom de "Lisa". Ce déni de paternité a conduit à plusieurs démêlés judiciaires et a suscité une grande attention médiatique. Cependant, avec le temps et face à un test de paternité incontestable, Jobs a finalement reconnu Lisa comme sa fille. Plus tard, il eut une liaison avec la célèbre chanteuse Joan Baez dans les années 80. C'est toutefois en 1989 qu'il rencontra celle qui deviendrait son épouse : Laurene Powell. Ils se marièrent en 1991 et eurent trois enfants : Reed, Erin et Eve.
L'ascension professionnelle de Steve Jobs
Jobs a été une figure clé dans la révolution de l'informatique personnelle. Il a cofondé Apple Inc. avec Steve Wozniak et Ronald Wayne en 1976, grâce à un financement initial de Mike Markkula. L'entreprise a vu le jour dans le garage de la maison des Jobs à Los Altos, où les premiers Apple I ont été assemblés. L'idée ingénieuse d'associer une interface graphique à une souris lui est venue lors d'une visite au Palo Alto Research Center de Xerox.
En 1985, à la suite d'un différend interne avec la direction d'Apple, Steve Jobs quitte l'entreprise qu'il avait cofondée pour lancer NeXT, une société d'informatique ciblant le marché de l'éducation et des entreprises. NeXT a été le théâtre de plusieurs innovations technologiques, y compris celui du système d'exploitation NeXTSTEP, qui deviendra plus tard la base d'OS X et, par conséquent, de macOS, le système d'exploitation actuel des Mac d'Apple. À noter que le World Wide Web a été créé sur un ordinateur NeXT par Tim Berners-Lee au CERN.
L'histoire du choix du nom "NeXT" est aussi intéressante : lors d'un dîner, l'ingénieur du son George Crow a suggéré "Next", en référence au prochain chapitre de sa carrière. Jobs a aimé l'idée mais a opté pour le styliser en "NeXT".
Une aventure avec Pixar
En parallèle de son aventure avec NeXT, Jobs a investi dans une branche de Lucasfilm, qui deviendra ultérieurement Pixar. Malgré des débuts financièrement difficiles, le studio a atteint des sommets avec la sortie de "Toy Story" en 1995, premier film d'animation intégralement généré par ordinateur. Ce film ne s'est pas seulement illustré par son succès commercial ; il a également transformé l'art de l'animation cinématographique. Jobs a présidé la trajectoire de Pixar jusqu'à son acquisition par Disney en 2006, devenant ainsi membre du conseil d'administration et le plus grand actionnaire individuel de Disney.
Le retour du roi
En 1997, Steve Jobs fait un retour triomphal à la tête d'Apple. Sous son commandement, l'entreprise va connaître un succès planétaire avec le lancement de produits emblématiques comme l'iMac (1998), l'iPod, iTunes (2001), l'iPhone (2007) et l'iPad (2010). En 2011, sa réussite est telle qu'il est considéré comme la 34e fortune américaine et la 110e fortune mondiale.
En dépit de son talent indéniable pour inspirer et persuader, certains de ses collaborateurs ont décrit Jobs comme étant imprévisible et capricieux. Bud Tribble, un ancien collègue, a même suggéré que Jobs avait un "champ de distorsion de la réalité" qui le rendait capable de convaincre les autres de ses idées, quelles qu'elles soient.
Un combat final
La vie de Steve Jobs a pris un tournant sombre le 24 août 2011, lorsqu'il a annoncé sa démission du poste de directeur général d'Apple en raison de problèmes de santé persistants. Malgré cette épreuve, il a conservé son titre de président du conseil d'administration, déterminé à superviser l'entreprise qu'il avait construite et aimée jusqu'à la fin. Le 5 octobre 2011, le monde a été secoué par la nouvelle du décès de Jobs, succombant à un cancer du pancréas à sa résidence de Palo Alto, en Californie. Il avait courageusement lutté contre la maladie depuis 2003, subissant de multiples hospitalisations et périodes d'arrêt de travail qui ont vu sa santé se détériorer progressivement. Malgré l'épreuve, il est resté actif dans l'entreprise qu'il a aidée à construire jusqu'à sa démission d'Apple en août 2011.
L'annonce de sa mort a été faite par Apple et a provoqué une onde de choc dans le monde entier. Les semaines qui ont suivi sa disparition, le site web d'Apple a rendu un hommage sobre mais poignant, sa page d'accueil affichant une photo en noir et blanc ainsi que les dates de naissance et de mort de l'icône.
L'héritage d'un visionnaire
Ensemble, Steve Jobs et Steve Wozniak ont tracé la voie d'une nouvelle ère pour l'informatique personnelle. De l'assemblage de l'Apple I dans le garage de Jobs à la conception du Macintosh inspiré des idées de Xerox, ils ont su imaginer un nouvel univers technologique.
L'histoire de Steve Jobs est celle d'une vision, d'une persévérance et d'une innovation sans fin. Son héritage continue d'inspirer et d'influencer les générations à venir, rappelant à tous l'impact profond qu'une seule personne peut avoir sur le monde.
