Bien que tout le monde sache à quoi ressemble Mark Zuckerberg, avec son sweat à capuche et son allure de nerd mal à l’aise dans ses claquettes, personne ne parvient véritablement à cerner la personnalité de l’énigmatique créateur du réseau social qui compte aujourd’hui plus de 3 milliards d’utilisateurs actifs mensuels à travers le monde. Il est dit qu'il peut "faire" ou "défaire" des présidents américains, une influence clairement observée depuis une élection entachée de "fake news".
Une enfance programmée pour le succès
Né le 14 mai 1984 à White Plains, New York, Zuckerberg vient d'une famille juive américaine. Fils d'un dentiste et d'une psychiatre, il grandit dans un environnement où la technologie est omniprésente. Dès l'âge de douze ans, il crée ZuckNet, un système de messagerie pour le cabinet dentaire de son père, marquant ainsi ses premiers pas dans le monde de la programmation. Son parcours académique est jalonné d'innovations, notamment avec la création du logiciel Synapse durant ses années de lycée, qui attire l'attention de géants tels que Microsoft et AOL. Cependant, il choisit de poursuivre ses études à Harvard, où il continue de coder et de développer des applications influentes.
La naissance de la révolution Facebook
Il y a 20 ans, le 4 février 2004, Zuckerberg, en collaboration avec ses camarades Dustin Moskovitz, Eduardo Saverin et Chris Hughes, lance "The Facebook". Ce qui débute comme un projet réservé aux étudiants de Harvard s'étend rapidement à d'autres universités avant de conquérir le grand public. Aujourd'hui, Facebook est le troisième site le plus visité au monde, après Google et YouTube, une ascension fulgurante qui n'est pas sans susciter des controverses.
Une carrière marquée par le succès et les scandales
Zuckerberg a été critiqué pour sa gestion de la censure et de la liberté d'expression, plaçant Facebook au cœur des débats mondiaux sur la régulation des géants du numérique. L'affaire “Cambridge Analytica”, révélée en 2018 par le lanceur d'alerte Christopher Wylie, est particulièrement marquante. Depuis 2014, Cambridge Analytica avait exploité les données personnelles de 87 millions d'utilisateurs Facebook, collectées illégalement. Ces données ont été utilisées pour cibler les électeurs avec des messages personnalisés lors de l'élection présidentielle américaine de 2016 et le référendum sur le Brexit au Royaume-Uni. Suite à ces révélations, Facebook a été vivement critiqué pour son manque de protection des données personnelles et a dû payer une amende record de 5 milliards de dollars imposée par les autorités américaines.
Entre philanthropie et mégalomanie
Manipulateur narcissique ou génie utopiste, Zuckerberg semble naviguer entre deux eaux. Au-delà de son rôle de technologue, il s'est engagé dans des initiatives philanthropiques avec son épouse Priscilla Chan. Le couple s'est engagé à céder 99 % de leurs actions Facebook à la Chan Zuckerberg Initiative, consacrée à la résolution de problèmes éducatifs et médicaux. À l’instar du couple Gates, ils investissent également des milliards dans des projets visant à éradiquer toutes les maladies d'ici la fin du siècle. Mais cette auréole cache également une part bien sombre de ce fan de MMA, père de trois petites filles, Maxima, August et Aurelia.
Dans le livre incisif "Dans la tête de Mark Zuckerberg" publié chez Solin/Actes Sud, Julien Le Bot dresse un portrait contrasté du fondateur de Facebook, oscillant entre un idéalisme juvénile et une stratégie d’entreprise calculatrice. Chamath Palihapitiya, ancien responsable de la croissance chez Facebook, critique violemment la plateforme pour sa capacité addictive, exploitant la dopamine pour capturer l'attention de ses utilisateurs — une démarche qui, selon lui, « détruit le fonctionnement de la société » en substituant des gratifications instantanées à nos véritables valeurs.
Le metaverse et au-delà
Aujourd'hui, Zuckerberg reste une figure polarisante, un innovateur audacieux dont l'impact sur le monde numérique est indélébile. Tandis que Facebook continue d'évoluer, ses contributions à la technologie et à la société continuent de susciter à la fois admiration et critiques. À l’aube de ses 40 ans, Zuckerberg oriente déjà son regard vers l'avenir avec le projet ambitieux du metaverse (contraction de "méta" et "univers"), espérant révolutionner, une fois de plus, nos interactions dans l'espace numérique. Le parcours de Zuckerberg rappelle que l'innovation n'est pas seulement une question de création, mais aussi de responsabilité face aux impacts générés.