Pas de Cloud Nord cette année pour moi, le Volcamp m'appelle. Participer à une conférence tech est toujours une expérience enrichissante, mais la vivre à la fois en tant que speaker et participant est une aventure encore plus exceptionnelle. Après une première expérience au BreizhCamp en juin dernier, j'ai eu l'honneur de prendre la parole au Volcamp 2024, une conférence incontournable pour les passionnés de technologie. Voici un retour sur cette expérience mémorable, des préparatifs à la scène, en passant par les moments d'échange et d'apprentissage.
Côté scène : mes conseils et ressentis en tant que speaker
Prendre la parole en publique devant un auditoire toujours plus nombreux, trouver le sujet qui passionnera les foules, travailler son abstract pour qu'il attire l'attention des organisateurs, : autant de défis qu'il faut relever avant de passer sur scène.
Mais il ne faut pas oublié les défis une fois sur scène:
- Le stress : Nous avons toujours une quinzaine de minutes pour nous préparer avant de démarrer. Le temps de brancher son ordinateur, de mettre les slides en place (ne pas oublier son adaptateur 😃), de s'équiper avec le micro et... d'attendre le démarrage. À ce moment-là, la salle commence à se remplir ; on découvre notre public et nous cherchons à savoir qui nous avons en face de nous. Le trac arrive. Seule solution pour moi : réussir à mettre à l'aise l'auditoire pour que, moi, je puisse me sentir à l'aise, comme à la maison. 13h30, on me donne le feu vert ! Pour moi, la première minute est cruciale pour lancer correctement le talk. Les questions d'usage en début de talk donnent un peu la tendance des personnes en face de vous. Au programme, toujours deux questions pour cibler et une troisième pour mettre à l'aise.
- Le temps : Une fois lancé, il n'y a plus qu'à dérouler ! Cependant, en laissant toujours une part d'improvisation dans mes slides, la gestion du temps devient un exercice délicat. Pour éviter de se retrouver piégé par le temps, il est indispensable de bien connaître les grandes étapes de l'exposé. Il faut toujours être capable d'identifier précisément combien de slides restent et quelles informations cruciales doivent encore être abordées. Si vous avancez trop rapidement, c'est l'occasion idéale pour approfondir un point particulier. Si vous êtes en retard, concentrez-vous sur l'essentiel pour assurer la transmission complète du message.
- Les retours en direct : Tout ce que vous allez dire, faire ou écrire aura un impact sur votre public. Les sourires, les hochements de tête ou même les regards perplexes sont autant d'indicateurs de l'impact de votre discours. Il est primordial de récupérer le feedback de votre public en temps réel. Les questions posées en début de conférence doivent vous aider à identifier le niveau d'appétence de votre public pour votre présentation. Utilisez ces informations en scrutant les réactions : ai-je fait mouche avec cette information ? Suis-je allé trop vite sur ce sujet ? Ces retours en direct sont une source précieuse d'amélioration. Ils permettent d'ajuster le discours en temps réel et de créer une véritable interaction avec l'auditoire.
Côté gradin : conférences marquantes et moments d'apprentissage
La quatrième édition du Volcamp, portée par l'association Geek&Terroir, a une fois de plus démontré sa capacité à allier expertise technologique et valorisation du patrimoine régional. Cette conférence de deux jours, devenue un rendez-vous incontournable, a pour ambition de promouvoir non seulement le savoir-faire tech mais aussi les richesses de l'Auvergne.
En prélude à l'événement principal, l'initiative Volcamp4Kids a ouvert les portes de nos métiers aux plus jeunes, illustrant l'engagement de la communauté pour l'éducation et la transmission.
Le Volcamp 2024 a réuni plus de 500 participants autour d'un programme riche et diversifié, comprenant plus de 50 talks, près de 70 speakers et une variété de sujets tels que l'UX Design, le GreenIT, Java Native, l'accessibilité, l'Open Source (en période d'Hacktoberfest), l'IA générative, et bien d'autres thématiques d'actualité. Cette édition a su captiver son audience en abordant des sujets cruciaux pour l'industrie tech, tout en offrant un espace de réflexion sur l'organisation du travail et l'innovation.
Parmi cette pléthore de conférences, deux ont particulièrement retenu mon attention :
L'urgence de la lenteur
- Fanny Klauk a ouvert le bal avec la keynote du premier jour. Elle nous propose de prendre le temps. Cette orientation est souvent difficile à mettre en oeuvre mais il est indéniable que prendre le temps permet d'analyser les choses correctement en étudiant sous toutes les coutures notre problème. Nous avons malheureusement de nombreux biais liés à cette prise de temps, vue comme une lenteur signe d'un manque flagrant de compétences. Mais cette prise de recul ne serait pas gage au final d'un produit plus qualitatif et donc in fine moins coûteux (la fameuse équation coût x qualité x délais). Fanny nous remet aussi face à nos problèmes de communication en insistant sur la communication non violente, l'analyse transactionnelle et l'art du feedback. De nombreux rituels existent pour provoquer cette communication passant des dailies, des ateliers 3 amigos, du peer programming en passant par la fameuse machine à café. Un seul geste finalement: levez la tête, ne partez pas tête baissée, et en plus, vous trouverez toujours une oreille attentive.
- Tristan Nitot propose une approche novatrice pour réduire drastiquement l'empreinte environnementale du numérique. Il commence par rappeler la célèbre loi de Moore, établie en 1965 par le co-fondateur d'Intel, qui prévoit le doublement des capacités de calcul tous les deux ans. Cette loi, bien que profitable pour l'industrie, a conditionné notre perception du progrès technologique. Tristan illustre les conséquences de cette mentalité avec des chiffres frappants : les sites web actuels sont 150 fois plus lourds qu'auparavant, sans pour autant être 150 fois plus efficaces. De même, la suite Microsoft Windows et Office consomme 171 fois plus de ressources qu'il y a 20 ans. Face à ces défis, la réponse habituelle a toujours été d'augmenter la puissance du matériel. C'est là que Tristan introduit son idée audacieuse : la loi de ErooM, pour "Effort Radicalement Organisé d'Optimisation en Masse". Le concept est simple mais puissant : optimiser les applications d'un facteur deux tous les deux ans. Cette approche vise à mettre fin à la course à la performance et à réduire la consommation de matériel, sachant que 83% des émissions de gaz à effet de serre du secteur sont liées à la fabrication. Tristan conclut en appelant à une transformation radicale du marché numérique, invitant les professionnels à se concentrer sur l'optimisation plutôt que sur la surenchère technologique. Son message est clair : il est temps de repenser notre approche du développement numérique pour un avenir plus durable.
Conclusion
Le Volcamp s'affirme une fois de plus comme un carrefour d'échanges et d'apprentissage, où la passion pour la technologie se mêle harmonieusement à l'amour du terroir auvergnat. Les rencontres enrichissantes s'accompagnent de deux jours de conférences intenses, pleines d'enseignements. Il nous appartient maintenant de mettre à profit ces précieux enseignements et de les appliquer dans nos pratiques quotidiennes. Rendez-vous l'année prochaine pour de nouvelles découvertes et collaborations enrichissantes !
